vendredi 30 mai 2014

je suis nulle en repassage et super fière de l'être

t’es nulle en repassage
Ah, vous ne pouvez pas imaginer le bien que cela fait ! Un super compliment de mon fils de presque 21 ans ! c’était ma vraie fête hier.
Je vous raconte tout : pendant que mon « j’ai-6-ans » déballe son violon pour et son archet, mon « laisse-moi- me-concentrer-pour-les-concours » déballe le fer à repasser et ses chemises. Comme je ne le vois pas souvent, mon 21, et donc que son petit frère ne le voit pas souvent non plus, et que je veux créer du lien entre eux, pour faire famille qui sert à quelque chose,  et qu’il est tout de même bien doué en musique, mon 21, je lui propose le deal suivant, qu’il accepte :
« si tu veux, je repasse tes chemises, et tu fais le violon avec ton frère ».
D’ici, je vous entends hurler ! « 
-          (indignés )   QUOI ! toi, qui nous dis ne jamais repasser, de jamais repasser pour les autres, ni pour ton mari ni pour personne, ni même pour toi-même, qui se glorifie de venir au bureau avec des chemises non repassées exprès, comment ça, toi ! on découvre que tu as un fer à repasser – UN – et DEUX – que tu te proposes pour repasser les chemises d’autrui !! mais ca ne va pas la tête ! Ils sont où tes principes féministes ??
-          (dans mes petits souliers)    bon, laissez-moi vous expliquer : c’est vrai, j’avais hier un fer à repasser…il normalement chez mon 21…mais comme il avait des travaux dans sa studette… il a fallu débarasser, etc….
-          (totalement désabusés, voire tristes)   elle est nulle ton explication
-          (enjouée)   bon, laissez-moi finir : vous allez voir que j’ai fait d’une pierre deux coups. »
Tout d’abord, laissez-moi  vous raconter que faire faire du violon a mon « j’ai-6-ans », ce n’est pas tous les jours de la tarte. Parce que déjà, c’est tous les jours (sinon, pas même la peine de faire de la musique dixit tous les profs)  et qu’il me semble avoir épuisé toutes les combines, les carottes, les bâtons, les récompenses, les menaces, les points, les histoires, les jeux, les mises en situation, le choix du moment, la bain avant, le bain après, le chronométrage, l’enregistrement sur tablettes, sur smartphone, le ‘c’est obligé’, la peur du gendarme, du qu-est-ce-que-dira-le-prof ,le marchandage de toute sorte,  le mais-non-t’es-pas trop-fatigué, le « allez »*87 fois,   le concert improvisé, le concert prévu, le concert à Mamie au téléphone, puis à Grand-papa, les promesses, les non-je-ne-m’enerve-pas, les soins du violon, les deals je-le-prépare-tu-le- ranges ou l’inverse, le choix de l’ordre des morceaux, le playmobile ok il regarde, ok il s’assoit sur le piano, ok avec R2D2… le coloriage de la partition, le coloriage du violon (sic ! oui oui, pardon maestro copie de Stradivarius)…
Donc pourquoi je m’acharne ? Parce que  je reste persuadée que si on ne commence pas tôt ce qui est difficile comme le violon, on n’y arrive jamais : des contre-exemples m’ont montré cependant le contraire, depuis, mais je fais comme si je n’étais pas au courant, je fais la sourde oreille : les grands l’ont fait, donc  pas de raison que les petits n’y aient pas droit. Il faut tout de même un peu de justice dans cette famille.
Mais surtout, la musique est pour moi la seule discipline PEDAGOGIQUE : si on travaille : ca marche, on voit les résultats, si on ne travaille pas : pas de résultats, on reste nul : et on s’en rend compte, même tout petit. Contrairement aux autres matières ( genre maths, physique, français, philosophie – je ne parle pas des matières genre coton, synthétique, ah ah ah lol : c’est la blague du film LOL justement), où il me semble que les efforts n’ont pas toujours rapport avec les résultats .
 En maths et physique : c’est t’as compris/ t’as pas compris : plutôt binaire, digital diraient certains, seulement deux solutions. Mais est-ce que travailler va t’aider à comprendre ? pas sûr ! il y a des déclics qui se font. En tout cas, c’est toujours ce qui m’a semblé, surtout en apprenant que les pires théorèmes de maths inexplicables indémontrables sont inventés par des Indiens à peine scolarisés. En lecture : c’est la même chose : mon j’ai-6-ans voulait lire à 4 ans, mais il ne comprenait pas le B-A se lit BA . Il ne l’a compris qu’à 6 ans : donc pendant 2 ans, on a lu (enfin, j’ai lu) une page de livre de lecture sans aucun résultat à la fin… En philosophie : il me semble que c’est tout l’inverse, plus on travaille, moins on a de résultats : j’ai travaillé comme une malade en terminale pour obtenir un beau 7/20 au bac.  C’est d’ailleurs mon angoisse profonde des classes prépa littéraire !  J’ai l’impression que le travail n’est pas lié aux résultats, ou inversement.
Bref, tout ça pour dire que pour moi, il n’y a que la musique qui soit pédagogique.
« Et le sport » me dit mon mari. Le sport ?? alors là, pour moi c’est l‘inverse : plus j’en fais et plus je régresse : en gym : je suis de moins en mois souple ; en course : de moins en moins rapide ;  en saut : c’est toujours moins haut et moins loin ; en j’attrape la balle : non celui-là, comme je n’ai jamais rien attrapé, je reste à performances équivalentes.

Vous devriez vous dire à ce moment : mais cet aspect qu’elle appelle « pédagogique » : je travaille donc j’ai des résultats : n’est-il pas révélateur du syndrome de la bonne élève ? Vous savez, ce qu’il y a dans tous les cours de développement personnel spécial nana : « ne croyez pas qu’en étant parfaite, en travaillant dur, vous obtiendrez promotion-augmentation !! Non, surtout pas ! ce qu’il faut c’est communiquer, cultiver votre réseau, vous montrer etc... » bref le truc déprimant au possible puisque justement on a passé plein de temps à bien travailler…
Ben oui, mais bon, tant pis, je reste avec mes valeurs : pour moi, le travail a une valeur : celui du progrès, des résultats, ce qui amène à l’état de « flow » où l’on se sent bien, la concentration, le plaisir d’y arriver : c’est tout ça que la musique nous apporte : et bien-sûr, la beauté !

Pendant que je repasse, j’écoute le grand musicien et le débutant : ensemble, c’est joli, beau, émouvant, un moment suspendu, un moment de bonheur. Ce n’est pas toujours parfait, au contraire, il faut reprendre, retravailler, recommencer de là, pour y arriver mieux, et ça marche, c’est mieux, sinon, on reprend encore, et ça y est, on y arrive, chouette ! Non seulement la musique est pédagogique, mais en plus, c’est beau !
Je suis super fière de moi, d’avoir insisté si longtemps pendant toute la jeunesse de mon 21 : de ne jamais avoir cédé, d’être passés ensemble d’un instrument à l’autre (le violon, le basson, le piano, le chant) au gré de ses envies, de ses profs, de ses dons,  de ses découragements aussi, mais d’avoir toujours pu lui glisser la musique dans ses journées d’enfant. Aujourd’hui, il chante pour se détendre, me dit-il : c’est un super cadeau qu’il me fait: je suis fière d’avoir donné à mon fils de quoi ne pas s’ennuyer, de quoi passer son temps autre que sur twitter ou autre, de quoi s’émouvoir et émouvoir les autres.

Après ce moment de grâce, mon 21 regarde le tas de chemises repassées, perplexe : « mais, il y avait encore de l’eau dans le fer ? non ! ben ça ne m’étonne pas que ce ne soit pas bien repassé ! »
Vous avez lu ? non seulement, il veut me dire : « t’es nulle en repassage », mais il le dit sans haine, sans attaque directe, il m’explique comment j’aurai du faire. Seconde victoire : il pourrait faire un gentil chef !!
Et la troisième victoire, vous l’aurez compris…elle est silencieuse, car non dite, mais bien présente : c’est la plus grande victoire jamais acquise, c’est  message non-dit
« t’es nulle en repassage ! »
 et ça, c’est trop top ! c’est le plus beau compliment que j’ai jamais reçu ! c’était vraiment ma fête hier ! Ca veut dire que les femmes ne repassent pas mieux que les garçons ! CQFD

samedi 24 mai 2014

bonne fête les consoeurs!

bonne fête moi-même
la fête des mères se passe toujours de manière bizarre chez moi : soit les enfants ont oublié, soit ils ne sont pas là (ce week-end, mon fils, ayant fini les concours, est parti chez ma propre mère se reposer), soit ils me le fêtent comme leur iphone leur dit : c’est-à-dire soit il y a 15 jours lors de la fête des mères américaines, soit ils sont trop petits et mangent eux-mêmes les chocolats qu’ils m’offrent.
J’ai donc décidé de me fêter ma fête moi-même.
En faisant quoi ? en restant au lit toute la journée ! enfin, tout ce qu’il est possible de rester au lit un dimanche, soit environ de 5h (dernière « tétéeee » : oui , il tête encore mais sait parler ;-)) à 7h22 : heure à laquelle le dernier à la crèche se réveille en riant et va réveiller sa sœur qui dit : « crêque maman ? ». Ensuite, nous déjeunons. Une description plus raisonnable de cette étape serait plutôt celle du champ de bataille où on ne sait plus trop quel est son camp (les 3 petits échangent leurs places environ 5 fois en 10 minutes, entre le banc, le tabouret, la chaise haute, le transat, les genoux), ni qui est l’ennemi (les céréales au chocolats ? trop hautes à attraper sauf si on lance un missile dessus qui va les faire tomber, l’avoine bio ? ca tombe en pluie comme de la neige et quand on souffle ça s’envole : on ne voit plus rien à travers et ça déguise en même temps ; les tartines, qui évidemment tombent toujours du mauvais côté ? à mais non, l’ennemi, c’est toujours l’autre, dont on veut la même cuillère, qui a pris la notre, celle qu’on voulait justement, et ça c’est pas juste…). Donc juste après la bataille petit dej, je retourne au lit : de 8h12 à … on verra bien.
Je prends mon Elle dans la main : je m’essaie aux cours de gym qui sont sur les pages vers la fin : enfin, ce que je peux faire couchée. Dans l’autre main, mon smartphone, on ne sait jamais, à cette heure-là, y a sûrement le tweeto à ne pas louper : je regarde les tweets, j’en comprends le tiers : non pas qu’ils soient dans des langues inintelligibles, mais je pense que les 140 caractères + l’aspect je-parle-d-un-sujet-tellement-évident rendent la plupart des messages assez abscons. de quoi ca parle ? est-ce qu’il faut aller voir le lien ? est-ce que tout le monde a le bug qui écrit des lettres à la place des autres ? je reste généralement assez perplexe. Mais j’avoue, je ne comprends pas....bon, tiens , en voilà un que je comprends, alors je vais essayer de monter la valeur ajoutée...au moment où j’essaie de retweeter tout en composant un commentaire, mon petit dernier arrive à quatre pattes en courant, escalade le lit, puis l'oreiller, puis me grimpe dessus, en commençant son asencion par la face nord de mon visage, me lêche les paupières -et pourtant je ne suis pas DSK, ah ah je rigole moi-même de ma propre vanne, bon il fallait lire le bouquin de la philosophe qui…ah mince, j’ai tweeté moi-aussi un truc inintelligible ! bon je cache le samrtphone sous l'oreiller avant qu'il lui lêche aussi la coque et le reste.
mince, plus de téléphone, il me regarde, toutjours content, et me tire sur le pyjama vers le plafond : ca veut dire : ‘lève-toi donc’ : je fais la sourde du pyjama. Il hurle alors juste dans mon oreille : cette fois, je suis sourde pour de bon.
Bon , il est 8h34 : éh bé ça c’est la fête ! car normalement, à cette heure-là, ca fait bien longtemps que tout le monde est au boulot-école-crèche-lycée-prépa ! je me re-félicite de ma journée-matinée-minutes supplémentaires au lit, de ma gym matinale, d’avoir lu mon Elle et en plus d’avoir tweeté !! c’est vraiment ma fête ;-)
Bref, 2 conclusions :
Il faut toujours se fêter à soi-même sa propre fête
et …je sais maintenant pourquoi la plupart des tweets sont incompréhensibles : ils sont écrits à 60% par des femmes… qui doivent toutes avoir des multiples aventures pendant leur rédaction ! no grave !

PS : oui , aujourd’hui, je reste gaie, j’ai décidé que c’était ma fête !
Je ne vais pas vous la faire plafond de mère, etc…je vous garde ce sujet pour la fête des pères ;-)

mardi 20 mai 2014

faut-il parler de sa vie perso au boulot?

faut-il évoquer sa vie perso en entreprise ?
Je reviens sur ce thème qui est à la croisée des chemins, à la croisée du masculin et du féminin, à la croisée des années 90 et du nouveau monde qui s’installe, à la croisée de 20 ans de carrière et du passage en mode « sénior » (eh oui, sénior c’est à partir de 45 ans ;-)) = mode où l’on se dit : « j’en ai fini de me taire, je l’ouvre », et aussi « anyway, pour moi c’est trop tard, mais je veux que le monde soit meilleur pour les générations futures ».
Il était une époque, dans notre jeunesse, avant les 35 heures, avant les burn out, avant la parution d’un ouvrage de ce polytechnicien où il expliquait qu’il voulait simplement être tranquille au travail et ne pas se surmener, seulement profiter de la vie. Ce n’est pas si loin, Jérôme Kerviel, bien malgré lui, avait fait une pub d’enfer pour les études d’ingénieur et de mathématiques appliquées, et les explosions de primes à la clé. A cette époque, les cours de motivation pour commerciaux miroitaient de grosses voitures rouges, des Ferrari (pléonasme ?). Seul Brad Pitt osait : « et si tout le monde roulait en prius* »  (* voiture hybride – géniale- j’en ai une – merci Brad- quand vous êtes en ville : vous roulez à l’électrique, aucun bruit, aucune pollution, tout en douceur, et elle passe directement à l’essence sur l’autoroute). Tout le monde voulait devenir millionnaire, même les nanas ! vernis supra rouge sur les ongles, escarpins 10 cm écarlates qui criaient « I want that F job ».
Une tâche de bavouillis sur le costard ? que nenni ! Une réunion à 8h00 du matin à Lille ? pas de soucis ! Un dîner entre collègues (eh oui, sans même un client) de 20h à pas d’heure ? C’est parti ! un séminaire le week-end en Espagne ? eh bien oui, on va s’arranger.  Et puis, une conférence sur les équilibres vie pro/vie perso de 18h à 20h, pourquoi pas ? un speednetworking de boulot/réseau de filles à 19h00, bon ok, mais c’est la dernière fois. SSTTOOPPP !
Ah et pourquoi ? eh bien….et là que dit-on ? raconte-t-on sa vie perso ? raconte-t-on sa vie privée ? car « vie privée » disait-on à mon époque, et si elle est privée, c’est justement qu’on ne la raconte pas, pas au boulot.
En réfléchissant sur ce thème avec des collègues lors d’une réunion téléphonique, l’un deux racontait sa propre expérience (et je salue encore son courage de raconter cela devant tout le monde) : «
en tant que manager d’untelle, je m’énervais tous les jours après elle après 18h00 car quand j’allais la trouver dans son bureau : elle n’y étais plus ! et le lundi matin elle n’était jamais à l’heure aux réunions d’équipe de 9h00, elle arrivait toujours en retard !! plutôt que de continuer à m’énerver, j’ai décidé d’en parler.
Elle me répond « en quoi cela te gêne t-il de ne pas me trouver dans mon bureau après 18h ? » (alors là, madame untelle, chapeau ! chapeau très très bas ! comment avez-vous trouvé la ressource de ne pas répondre directement ce que vous faisiez, de ne pas vous expliquer, de ne pas vous justifier, mais de vouloir comprendre le vrai souci ?).
Je lui dit que j’ai des choses à lui dire, à partager avec elle. Elle répond « tu peux me joindre par téléphone si c’est urgent » (re-re chapeau).
Et oui, j’ai testé, elle répond au téléphone, elle est très réactive, j’ai compris que je fonctionnais ‘au présentiel’. Cette découverte sur mon mode de management m’a tellement bouleversée que j’ai décidé d’en témoigner à ‘happy men’ » (* happy men est un cercle de parole – interdit aux femmes, sic !- afin que les messieurs parlent de leur propre expérience sur les sujets égalité hommes /femmes et comprennent mieux leur rôle pour favoriser l’égalité professionnelle ///à ce sujet, messieurs, désolée de m’immiscer dans vos cercles de discussion, mais si vous n’avez qu’une seule chose à faire : c’est de prendre beaucoup plus à votre charge les plaisirs du foyer : ménage, courses, lessives, rangement. Et tout ira mieux ! et en réponse à mon ex-beau-père : « non, les femmes ne font pas mieux le repassage que les hommes », et à mon ex-belle-mère « non, je ne veux rien apprendre sur le repassage des mouchoirs ni des chemises de ton fils car je ne m’occuperai jamais de ses affaires ».)
Revenons à nos moutons.
Ce manager continue de raconter son expérience en expliquant : « j’ai compris que untelle ne pouvait être là après 18h00 car elle est veuve avec des enfants. ». Puis pendant cette même réunion, une dame –RH- poursuit « oui, même si on n’a pas les informations directement par la personne, on peut toujours arriver à le savoir par d’autres… »
Alors, désolée, mais là je m’insurge, je l’ouvre : « Cher manager, chère RH, je n’approuve pas cette solution. La vie perso c’est notre vie perso, sa vie, c’est SA vie. point barre. On n’a pas à la raconter ».
Pour moi, j’en ai trop vu, trop vécu. Ce ne sont pas des expériences horribles, traumatisantes, où l’on se dit : ce n’est pas normal, où on décide d’appeler la police-RH. Non, c’est bien plus vicieux, insidieux, quotidien, quasi-insaisissable. C’est la culture du présentiel, la culture du couloir =  « celui-qui-passe-dans-le-couloir-aura-le-projet-intéressant-parce-que-justement-il-passe-devant-mon-bureau-donc-je-le-vois-et-pense-à-lui».
J’ai 5 enfants : vais-je le crier sur tous les toits ? oh non, surtout pas ! pourquoi ? parce que tout le monde va se dire « QUOI ? 5 ? je savais qu’elle avait un bébé, mais 5 ? et comment elle fait ? elle continue de bosser à plein temps ? whouaahhh !! elle doit être sacrément organisée ! et moi, seulement avec mes deux, j’ai déjà du mal…alors 5 ! ça doit être sport chez elle ! chapeau !....bon, sur ce projet, non, il va falloir bosser énormément, mettre les bouchée-doubles, il y aura des coups de bourre c’est sûr…bon, je vais pas lui refiler cela en plus, non, elle m’en voudrait, …non, ce ne serait pas sympa, il faut qu’elle ait du temps pour elle, …non, ce projet n’est pas pour elle…et puis moi avec un petit, c’est super compliqué quand il est malade, la crèche ne veut pas le prendre…alors avec 5, je multiplie les jours d’absence par 5, les RV chez le médecin, etc, ça va faire beaucoup d’absences tout ça…non, vraiment, ce n’est pas possible de lui refiler le projet ! »
Voilà, messieurs, mesdames, un exemple bien classique du : « je-connais-ta-vie-donc-je-fais-en-sorte- que-cela-aille-bien-pour-toi » qui part certes d’un bon sentiment, mais qui fait que les femmes n’ont pas les projets intéressants, stratégiques.
« Tout ce qui est caché est source de souffrance » me disait Marie Donzel. Oui, c’est bien vrai. Et aussi, j’aimerai bien que l’on puisse raconter ses difficultés, le jonglage quotidien, afin de trouver des solutions ! Mais si raconter sa vie privée c’est se priver des projets ou jobs intéressants, alors non. Je dis non. Pas encore. Patientons juste encore un petit moment.
Le manager (celui qui avait découvert son mode de management au « présentiel ») écoute ma réponse. Il faut pourtant faire évoluer les choses, me dit-il. Oui, il a raison, parfaitement raison. Mais en face de nous, quand les personnes en face n’ont pas toutes ce point de maturité ? Que risque-t-on ? D’être dans les explications, dans la justification, de ne pas avoir le projet, le job. Alors que si on se tait, si on ne dit rien de sa vie perso : on peut avoir  le job.
La solution idéale ? en discuter : avoir la proposition du manager et discuter. Pourquoi pense-t-il que ce projet nécessitera des heures supplémentaires ? Comment se réorganiser pour optimiser les ressources ? Pour être dans le timing ? Quels sont les vrais incontournables ? Car, sauf si votre job est d’organiser des soirées à la David et Cathy Guetta, la plupart de nos jobs doivent pourvoir être couvert dans des journées de bureau normales, non ?
Un autre exemple d’une demoiselle - du vécu – qui me prie de glisser son conseil incognito. Pour obtenir le job : elle ne met pas son adresse dans le CV, ou elle invente qu’elle habite Paris. Pourquoi ? parce que même les meilleures intentionnés vont se dire : « avec les grèves de métro, les retards de train, les RER supprimés, etc. aucune chance qu’elle soit à l’heure. Et c’est super loin ! Je ne vais pas lui imposer 2h de transport ! non, je ne peux pas lui faire ça : et puis, c’est une super candidate, elle trouvera sans souci un truc plus proche de chez elle… » Conclusion : si elle met son adresse, elle n’a pas le job non plus.
Je sais, je vous déçois, je suis déçue aussi. J’aimerai aussi que l’on puisse dire la vérité, raconter sa vie, ses contraintes. Aujourd’hui, on n’y est pas encore. Avant de discuter avec le manager pour comprendre les vrais impératifs du job, il faut avoir la proposition. Donc patientons…jusqu’à avoir le job !
Mon conseil : dites oui ! Dites oui à tout ! sans vous soucier des soucis, sans vous préoccuper de ce qui ne sera pas possible. Faites-le à la chinoise : on dit oui, on signe…et on négocie après !
C’est possible, et même très possible. Dites oui, et regardez ce qui est attendu, et voyez l’organisation, les moyen requis ensuite : vous n’en serez perçue que comme plus professionnelle.  c’est normal de ne pas pouvoir faire le planning ni lister les risques avant d’avoir le job ! en revanche, dès que vous l’avez, allez-y : prévoyez, organisez-vous, faites en sorte qu’il n’y ait pas de coup de bourre : faites des plannings, listez les risques, Incluez dans vos critères d’organisation toutes vos contraintes et risques perso (les transports, les horaires de crèche, de cours de sport, les jours d’expo à ne pas louper : brefs tous vos impératifs perso) et ayez des solutions pour prévenir les risques. Annoncez des retards dès que vous en entrevoyiez, discutez des solutions, des options possibles, travaillez à distance, demandez des ressources supplémentaires, réorganisez-vous dès que nécessaire ! Montrez que vous pouvez changer le système.
Allez les filles, on fonce !
Et là, régalez-vous, faites le job…et racontez votre vie : tout le monde trouvera des solutions avec vous ;-)

En aparté car politiquement pratiquement incorrect : mais, une fois que avez le job : dites tout : vous habitez Sarcelles, avez 5 enfants, divorcée, veuve, enceinte…tout : le manager ne pourra pas reculer : cela s’appellerait discrimination et serait très facile à prouver.

mercredi 14 mai 2014

des tics de langages de filles? pardon, petit, merci, je dirais...

spécial fille « pardon, petit, merci »
Hello girls, vous vous dites toujours : mais moi je suis pareille, il n’y a pas de différence entre les filles et les garçons, et dire qu’il y en a c’est comme si on disait que c’est la faute des filles si elles n’ont pas la même carrière. On ne veut pas du message « il faut changer les femmes » ou en anglais « fix the women ».
Hé bien, en toute objectivité, je veux vous faire part de 20 ans d’expérience en entreprise sur ce sujet.
Je veux vous le dire : je vous reconnais, à l’écrit, à l’oral, à vos mots…et je peux vous dire que je n’ai jamais entendu d’hommes avoir le même genre de tics de langages : j’espère en effet que ce ne sont que des tics : et non pas une traduction d’un manque de confiance en soi ;-)
à propos de la confiance en soi : une étude vient de montrer que si les hommes réussissent mieux que les femmes, ce n’est pas qu’ils sont plus compétents, amis ont meilleur confiance en eux : et sont même une peu surconfiant « overconfident » : ce qu’il fait qu’ils n’hésitent pas à prendre des risques et donc des actions…
revenons à nos moutons : en entreprise, et comptons les justement : comptons le nombre de fois où nous, les femmes
-          nous excusons : « pardon », « excuse-moi de t’interrompre, mais », « je suis désolée, mais…. » : on s’excuse tout le temps : mais de quoi ? d’être là ? d’avoir été invitée à la réunion ?
-          nous mettons « petit » dans nos phrases : j’ai une « petite » remarque, mon « petit » projet, une « petite » réunion, un « petit » point, et en quoi ce qu’on fait serait-il plus « petit » que ce que font les hommes ?
-          merci : ce simple mot. merci ? à la fin des mails, des sms : on remercie ! mais pourquoi ? souvent, on n’a rien à remercier, on donne juste une info : il n’y a pas à remercier, l’autre n’a rien fait ;-) moi-même je ne compte plus le nombre de fois où j’écris « merci » pour le ré- effacer juste ensuite car je sais que c’est un « tic de filles » et qu’il n’y a rien à remercier
 un autre tic : celui de parler trop vite ! comme si on ne nous avait pas assez accordé de temps de parole
le pire ? celui de dire : « je dirais » à chaque fois ? Celui-là, quand on commence à le compter, rend inaudible le discours de madame : comme tous les tics d’ailleurs : si vous vous amuser à compter les « heu » de vos interlocuteurs : vous n’entendez plus que ça.
Mais le fait de dire « je dirais » exprime encore plus le doute qu’un simple « heu » : vous êtes en train de parler, de vous exprimer, donc de « dire » : pourquoi parler au conditionnel ?
« je dirais …si jamais j’en avais l’occasion ? »
« je dirais….ce que j’ai sur le cœur ? »
« je dirais...que je ne suis pas d’accord ? »
vous diriez quoi ? et sous quelle condition qui ne semble remplie ?
Et attention, ce tic se répand très facilement, pire que la varicelle…je me suis entendue moi-même saupoudrer des « je dirais » pour combler mes vides, et j’en entends très très souvent, des femmes à très haut postes (genre j’encadre 25000 personnes)…qui nous « diraient » pleins de choses.

Voilà , rien qu’à vous écouter parler, mesdames, je sais que êtes femmes…et que votre confiance en vous vous a encore posé un lapin.

vendredi 9 mai 2014

overdose de testostérone

trop de testostérone
en formation « women in leadership », on parle d’affirmation de soi, et de comment faire passer nos messages. Notre voix, haut perchée, devient un sujet : il parait que nos messages passent plus difficilement avec nos voix haut perchées ;-((  super…on ne va pas se changer la voix
eh bien messieurs, je veux vous dire que l’inverse est vrai aussi : quand il n’y a que des hommes, qui parlent avec leurs voix d’homme (normale, hein, comme nous, nos voix de femmes), mais surtout avec leur messages super masculins « c’est la guerre » (des prix), « à l’attaque » (du marché), il faut du sang sur les murs (celui de nos concurrents) – si, si, c’est du véridique, du vécu – « on va leur en f. plein la g. », « les écraser », ….etc, etc….eh bien, trop c’est trop, j’ai mon overdose de testostérone.
Et quand il y a trop de testostérone, je n’écoute plus, plus, mais alors plus du tout !
Récemment, lors d’une formation d’entreprise vraiment tip top, de celles qui bouleversent notre train-train, vient à parler, en guest-star, « le général »…et il décrit…je ne sais quoi , il dessine : le cotentin, les plages du débarquement : je vois ses dessins, je reconnais ces plages. Je les vois, je les vis – je suis Normande et du Cotentin - . Je dessine à mon tour sur ma feuille, le cimetière américain, des croix à n’en plus finir, à perte de vue. Et puis l’Eglise de Sainte-mère l’Eglise, celle des films, la vraie, les parachutistes, ceux des films...et les vrais. Je suis dans un autre monde, le mien ? non, le vrai, celui de la vraie vie, et surtout, ici, de la vraie mort. Alors, quand le lendemain matin, les autres intervenants et participants mentionnent tous « ce qu’à dit le général », je me rends compte que je n’étais pas là, que j’étais ailleurs, dans la vraie vie, dans la vraie mort. J’ai loupé les « messages importants » : j’ai fait un blocage total : une overdose de testostérone.
En y repensant, ce n’est pas la première fois. Un mois auparavant : ce n’était pas un général qui intervenait en grande réunion pour les commerciaux, en tant que « motivational speaker », mais un gars du « raid » : pour se présenter, une vidéo genre jeu vidéo, du bruit, des bruits de moteurs ? de hard-rock ? de vroum vroum panpan rythmaient la bande-son, super fort dans les oreilles. Et ceci pour au bout de 2h30 de speaches sur scène, où on a vu défiler 30 hommes et 2 femmes, dont une qui n’a rien dit et l’autre 4 min chrono, en se dépêchant, en parlant vite (et oui, d’une voix haut perché). Et ensuite, que nous raconte ce monsieur, de la prise d’otage, des armes, des fusils à pompes, des grosses chaussures…bref, que du réel, n’est-ce pas ? et tout ça, parait-il pour un message sur la négociation : hé bien non, et heureusement, ce n’est pas ça, la vraie vie, ce n’est pas des batailles ; les vraies négociations, ce ne sont pas des affrontements, des « c’est moi qui ai gagné » ! Non, les mecs, ces messages-là, désolée, mais j’y suis totalement hermétique. Je m’échappe, je regarde mes voisins, j’essaie une ou deux blagues, pour contrebalancer les blagues sexistes sur scène ; je zappe sur mon smartphone, télécharge  les liens twitter sur l’économie solidaire.
Le pire, c’est que je pense que sur le fond, on a les mêmes points de vue, et les mêmes messages à faire passer : une vraie négo, c’est quand tout le monde y gagne à la fin, qu’on a compris les stratégies de l’autre et le pourquoi, qu’on n’a pas l’impression de se faire entuber, ni d’entuber l’autre. Ce n’est ass le monde des bisounours car il y a du travail : trouver nos valeurs et objectifs communs est un vrai job. Mais une négo qui se passe bien se passe dans des éclats de rire, autour d’un bon repas : et ce n’est pas du sang sur les murs, mais plutôt de la mousse au chocolat, voire du champagne qui doit arroser tout le monde.
Et que nous racontait le général  (oui je me suis renseignée tout de même, le lendemain): qu’il n’y a pas de stratégie qui tienne face à la réalité, « la meilleure des stratégie s’effondre au premier coup de canon » : donc, mieux vaut voir la réalité en face, être agile dans ses décisions : c’est bien d’avoir un plan, mais c’est encore mieux d’en changer au besoin. Rester « aware » du monde est ce qu’il y a de plus important.
Hé bien messieurs, pour rester aware, je vous signale que le monde change, et que de plus en plus de femmes sont en face de vous et des discours à prendre.. ;et pour que le message passe, rien de mieux de que de la diversité : diversité de voix, d’images, de prise de parole.
Pour la négociation, prenez n’importe quel exemple de parents d’ados…vous serez entendus de tous…les parents. « je suis d’accord pour ta sortie si les devoirs avant sont faits et que ta chambre est propre » : tu y gagnes – la sortie et j’y gagne : mais surtout on y gagne tous : faire tes devoirs c’est mieux pour toi, et la chambre propre : c’est mieux pour tout le monde !
Pour la stratégie et l’adaptation à la réalité : prenez n’importe quel exemple du quotidien d’un parent de tout petit : quand il a 40 de fièvre malgré les dolipranes et le beau temps et le week-end de 4 jours prévu : on change les plans ;-))
Mais non, les discours boum boum panpan vroum vroum, désolée ca ne marche pas, je fais rapidement mon overdose de testostérone.